Week-end à la sainte victoire du 09 au 10 Octobre 2004 par Bertrand S

Carbo

Carbo en voilà un titre à la con pour un compte-rendu de week-end. Et pourtant, j’ai eu beau me creuser la tête, je n’ai pas trouvé mieux. Deux syllabes pour résumer un week-end, c’est un peu court jeune homme, me reprocheront les grincheux. Sans être particulièrement fier de moi, je trouve que ces deux syllabes sont pourtant bien représentatives de ce week-end. D’abord parce que, quand il fait beau en Octobre à Aix, il fait du soleil comme en août à Lyon. Et comme il a fait beau, nous avons tous joliment cramé. Le cou d’Arnaud et le crâne de Jeff doivent encore s’en souvenir. Ensuite, parce que, la ste victoire, même si c’est de la dalle, ça engage sévèrement dans les secteurs historiques (Cela dit, quand on connaît les conditions de l’ouverture, on a tendance à moins se plaindre : ouverture du bas, parfois en solo, vous demanderez au proprio du gîte de vous raconter si vous passez par là). Combien se sont retrouvés 4m au dessus du clou, un pied dans le vide, l’autre sur un semblant de graton patiné, à crisper une réglette presque imaginaire ? Et après on dira que la dalle, ça ne daube pas les bras. Enfin, Carbo c’est également le diminutif de carbonnara. Pour se remettre de nos frayeurs du samedi et se préparer à celles du dimanche, il fallait au moins une orgie de pâtes. Là, je dois avouer que le groupe m’a déçu. A douze, on n’a pas été capable d’avaler 3 kgs de spaghettis et 3 bouteilles de vin. Est-ce la peur de ne pas décoller les pieds le lendemain, l’âge ou tout simplement la sagesse, les orgies ne sont plus ce qu’elles étaient. Ou alors, elles n’étaient pas bonnes mes pâtes ?

En ce qui concerne la grimpe, autant le dire tout de suite, ce n’était pas un week-end croix. L’engagement, la difficulté de lecture de la dalle, la longueur des voies, le soleil trop intense, l’anglais d’à côté qui parle fort, l’ampoule sur la deuxième phalange du petit doigt de pied, la trop grosse quantité de pâtes ingurgitées la veille sont autant d’excuses pour justifier (s’il en était besoin) l’absence de motivation pour les voies dures. A part Jeff, surmotivé par sa première sortie en falaise, qui s’est permis de tout essayé y compris un plomb de 6m dans un 6b+, respect (surtout pour un canyoneur). A la recherche désespérée d’une excuse à mes contre-performances, j’ai d’ailleurs classiquement voulu me rabattre sur les ouvreurs. Ca tombe bien, j’en avais un sous la main, le proprio du gîte. Extrait de la conversation :

- Dis donc Daniel, on est allé grimpé au grand mur aujourd’hui. Ca engage là-bas. C’est toi qui as équipé ?
- Non, j’ai rééquipé seulement. J’ai réuni tous les ouvreurs il y a quelques années pour leur demander ce que j’avais le droit de faire. T’as grimpé où ?
- Ben, secteur OVNI.
- Ah oui, là t’as vu la voie OVNI, le point sous le relais, c’est engagé là, non ?
- Euh ben non, j’y suis pas allé dans celle-là (6c c’était un peu trop pour mon moral et mon physique du moment, alors en plus avec un clou tous les 5m….).
- Dommage, t’aurais dû voir. A cet endroit, l’ouvreur avait maté un plomb d’artif. J’ai quand même demandé si j’avais le droit de mettre un spit.
- ….

Après avoir entendu ça, je ne pouvais décemment pas pleurnicher pour réclamer un point tous les 2 m dans le 6a, ça se fait pas. Donc bon, voilà la sainte victoire, on aime, on adore même. Simplement, il faut savoir que certains secteurs ont une histoire qui fait que l’engagement est permanent. Alors, on aime ou pas cette vision de l’équipement très « t’y vas si t’es homme ». N’empêche, c’est le premier équipeur qui décide. La peur n’est peut-être pas un prix si élevé à payer pour parcourir un tel océan de dalle.

Finalement, aussi déplaisant que puissent être l’engagement des voies, le soleil de plomb du sud et le fait de grimper avec des canyoneurs, nous avons encore passé un week-end mémorable dans un des plus beaux sites de grimpe en France. Que demander de plus ? Ben, d’y retourner …Comme c’était la dernière sortie de la saison, va falloir bosser pour sortir un calendrier aussi bien que cette année.

Bertrand.

Retour au sommaire des comptes-rendus