Fin de saison …. provisoire
en Vanoise
Etre en retard dans mes comptes-rendus me permet aujourd’hui
d’éviter de vous raconter des conneries. En rédigeant
celui-ci juste après la sortie, j’aurais pu vous dire que la
saison de ski de rando est terminée, que la neige tombée
abondamment cet hiver a fondu définitivement avec le redoux et
qu’il est temps de ranger les skis et de sortir les chaussons voire
les piolets tant que les couloirs ne sont pas trop fournis et en neige
dure. Bref que le printemps était là et que cette sortie
marquait la fin de l’hiver. Les chutes de neige jusque sur l’A40 ce
week-end m’évite cette bévue mais rendent ce compte-rendu
un peu anachronique. Vous n’avez qu’à faire comme s’il faisait
beau dehors et ça le fera …
Donc, tout commençait bien ou plutôt tout
commençait comme d’habitude avec Sandrine et Hélène
: pour atteindre le refuge, un faible dénivelé nous attendait
mais l’approche était terriblement longue. Je regardais inquiet
sur la carte IGN d’Hélène l’itinéraire proposé
: il commençait dans le coin inférieur droit de la carte
pour terminer dans le coin supérieur gauche. Ca n’était
pas bon signe. Et pourtant, une fois le dernier télésiège
dépassé, toute trace de beauferie valdisérienne
disparaissait : on était en Vanoise sauvage et c’était
beau : un vallon sauvage tout juste parsemé de quelques chalets-refuges
s’offrait à nous. La platitude du vallon offrait une vue qui
n’avait d’égale que le degré de souffrance de Sandrine
sur ce genre de parcours. Au col du Pisset, nous avions fait à
peine 800m de dénivelé mais nous avions trop d’heures
de ski dans les pattes et le cerveau trop embrumé par une discussion
sur la constitution européenne pour pousser jusqu’à la
pointe de Méan Martin. La descente bien qu’épique n’a
pas été mémorable. Il a fallu chercher les plaques
de neige au milieu des jolis pâturages.
Nous sommes arrivés suffisamment tôt au
refuge pour profiter du soleil de plus en plus présent. Les couleurs
fantastiques qu’il a données à la montagne en se couchant
ont été une belle récompense. Sandrine nous a amené
une récompense moins spirituelle. En effet, cette journée
du 02/04 c’était la Ste Sandrine et son anniversaire. Comme Hélène
connaissait les gardiens, on a également eu le droit à
l’apéro. Heureusement, que le lever n’était pas prévu
à 5h le lendemain !
Le lendemain donc, le ski de rando commençait
(le ski de rando c’est le truc où ça monte d’abord pour
descendre ensuite, contrairement au ski de fond). Les conditions anticycloniques
avaient permis un bon regel mais le froid ambiant augmenté par
le vent à l’approche du sommet de la pointe de la Sana allait
presque nous faire regretter cette neige très porteuse. Le jeu
en valait la chandelle car le sommet de la Sana offre un panorama à
360°: au premier plan : la grande casse et la Vanoise. Au loin :
les Ecrins, les Alpes Suisses, le massif du mont blanc, excusez du peu
!
Avec un peu d’avance sur le groupe, je suis arrivé
au sommet en plein vent dans une neige dure sur une pente ne laissant
pas de place à l’erreur. Pas fidèle pour 2 sous à
mes principes par flemmardise, je n’ai pas suivi le principe qui dit
: « quand tu hésites à mettre les couteaux, c’est
qu’il faut les mettre ». Ca m’apprendra car en gagnant du temps
à ne pas les mettre, je me suis pelé plus longtemps au
sommet en priant pour que Bruno, avec qui nous avions rendez-vous, ne
soit pas à la bourre.
Par chance, Bruno était pile à l’heure
(après tout c’est son métier de tenir l’horaire). Nous
sommes donc redescendus fissa. Enfin fissa, c’est une façon de
parler parce que le vent les regels, les redoux avaient fait de la pente
sous le sommet un champ de neige hétérogène inskiable
sauf pour Bruno, décidemment écoeurant skis aux pieds.
C’est donc avec une agréable surprise que nous avons découvert
un champ de poudre légère et facile à skier 300
m plus bas. Cela dit, ça n’a pas duré longtemps et en
dessous de 2000 m, il fallait se rendre à l’évidence :
la neige était vieille et avait été réchauffée
et recongelée de plus nombreuses fois que du bœuf britannique
de 1996.
Après quelques pas de patineurs, nous atteignions
la terrasse du bar. Je vous épargne l’éternel refrain
du retour brutal à la civilisation après deux jours en
montagne mais il faut reconnaître que finir la course sur une
terrasse à Val d’Isère, c’est du brutal de chez brutal.
Du coup, on n’a pas pu s’empêcher d’être méchant
avec le serveur. Enfin merde, on a beau ne pas être savoyards,
on n’accepte pas trop de se faire traiter comme des touristes de base.
Bertrand S
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