ABC NEWSLETTER

Numéro 4 (07/09/2002)

Aoursiennes, aoursiens,
Cette newsletter n'a jamais aussi bien porté sa couleur noire. En effet, elle annonce le deuil de l'Eté, des vacances, du presque beau temps et de mon raton laveur qui n'a pas survécu 3 semaines à côté de mes chaussons. En ce mois de septembre, tout m'énerve, les journalistes ne parlent que de la rentrée scolaire, Bush lui sèche déjà Johannesburg et le gouvernement met des flics partout. D'ici peu, il y en aura même aux pieds des voies pour nous en interdire l'accès (voir plus loin). Je vais vous dire, un bourdon pareil ça me donne envie d'aller passer mes we en Ardèche. 

Sur ce, bonne lecture ...

Dans ce numéro : 

LES NOUVEAUTES DU SITE
Des photos, rien de plus pour l'instant mais pas n'importe lesquelles car ce sont celles de Chamonix. On aurait voulu en faire plus mais des questions de timing, de conditions ou de poids à transporter nous ont un peu coupé les ailes (ou plutôt l'index droit).

 

LES CONDITIONS EN MONTAGNE

Ben, on est septembre. Ca n'est ni bon, mauvais. Cela étant dit, la saison de l'alpinisme n'est pas terminée. Il suffit de voir le nombre de courses décrites sur le site http://alpinisme.camptocamp.com . Sinon  il va commencer à être temps de penser au sud pour grimper.

 

LES NOUVELLES DU FRONT
Qui l'eut cru, l'Equipe magazine a consacré 5 articles en 5 semaines aux alpinistes de renom. les frères Huber étaient à l'honneur dans le numéro du 24/08. Un de ces deux fadas (Alex) a effectué une ascension en solo intégral (short + tee-shirt + sac à pof) d'une face de la Cima ovest. 550 m de dévers avec des longueurs allant jusqu'au 7a+. Qu'est ce qu'on dit ? ben, respect.

Autrement, il y a eu une alerte dans le massif du Brévent après une mort suspecte de quelques moutons. Le massif a été fermé au public. Aujourd'hui le problème est résolu. Les moutons étaient intoxiqués mais non contagieux. Le Brévent est donc à nouveau disponible et sans danger. Chamonix a également connu une épidémie de fièvre Q qui a envoyé quelques guidos à l'hosto (normal ça affecte surtout les gens les plus fragiles).

Plus grave, un arrêté municipal à Rougon interdit aux grimpeurs l'accès à une partie des falaises du Verdon. Ce n'est pas la première fois qu'une falaise est interdite au grimpeur. En revanche, ce qui est nouveau c'est la justification légale qui est inquiétante : le maire s'est octroyé le droit d'interdire tout accès aux terrains privés de la commune. Or, entre 80 et 90 % des randonnées, secteurs de grimpe et terrains de haute montagne se trouvent sur des terrains privés de commune. En gros, si cet arrêté fait jurisprudence, on peut imaginer le pire pour les années à venir. Plus d'infos sur http://escalade.camptocamp.com.

 

LA VIE DU CLUB

Egoïstement, je parlerai de mes vacances. Cet Eté, l'activité montagne du club s'est concentrée autour du camping des marmottes à Chamonix. Du 04/08 au 23/08, Guillaume et moi avons établi le camp de base là-bas dans le but d'emmener les volontaires en haute montagne et ça a  bien marché. Jugez plutôt : Caro, Lolo, Catherine et Bertrand sont venus nous rejoindre.  Malgré le temps capricieux, on n'a pas chômé :

  • "Tchao godillo" aux pointes du midi dans les Aravis (9 longueurs dont 2 en 6a/6a+) en 2h15 : des cannelures superbement sculpté qui donne des longueurs superbes et remarquablement équipées.
  • La traversé du Tour Noir avec Catherine et Bertrand. Un grand moment d'alpinisme. La traversé était en conditions hivernales. Grattonages de crampons et coincements de lame de piolet étaient au programme. Bref, 13h de course complète : couloir de neige raide, du rocher neigeux, du rocher tout court et des problèmes d'itinéraires. Caro est restée à nous attendre au refuge d'Argentière pendant ce temps là : quelle bonne inspiration.
  • "La grande Arabesque", enfin la moitié. Pendant une période de mauvais temps à Chamonix, nous avons voulu descendre dans les Aravis pour effectuer une grande traversé d'arrêtes. Le périple devait durer 2 jours. Nous sommes donc partis avec les duvets, le réchaud, 18 ratons laveurs, etc.... Mon expérience de la montagne s'est brutalement accrue. J'ai en effet appris un grand principe : grimper avec un sac lourd c'est chiant ! Finalement, un coude récalcitrant a mis prématurément fin au périple. Le bilan grimpatoire n'est pas si mauvais car nous avons fait le "tonneau des danaïdes" à la Mamule (78951213 longueurs dans le 7c+ en tout cas c'est l'impression que ça m'a donné avec ce fichu sac à dos) et  "Mama Miaz", 2 longueurs à la petite Miaz dont la première, un soit-disant 6a+ (et encore un pas seulement il paraît) a eu raison de ce qui restait de mon coude. Le bilan montagnard n'est pas mauvais non plus car nous avons passé une nuit à la belle étoile en pleine montagne, réveillés au petit matin par un troupeau de moutons et chèvres.
  • "Les neiges du Kilimandjaro" à la grande Floria (aiguilles rouges), 5 longueurs seulement (1 en 6b et 1 en 6a) mais de toute beauté.
  • Puis est venu l'arrête sud intégrale de Purtscheller avec Lolo. Nous avons eu la brillantissime idée de garder les grosses pour l'ascension. Les cotations ne montaient pas au dessus du 5b. Mais le granit, en grosses, à 3000 m d'altitude, ça change considérablement la donne. En plus, on s'est fait enrhumé par deux nanas suisses sous équipées histoire de finir ridicule. Là encore, il y a eu de grands moments comme le passage de la cheminée (voir les photos) et le saut de rimaye en Fosbury par Guillaume.
  • J'avais cru comprendre que grimper avec un sac lourd rabaisse considérablement le niveau. Pourtant, on s'est tout de même lancé à l'assaut de l'éperon des cosmiques. Quelques longueurs dans le 4+ et une en 5+ bien tassé. Le départ se fait en dessous de l'aiguille du midi et on rejoint la traversé des cosmiques. Là encore, j'ai souffert du surpoids (crampons, grosses et piolet dans le sac). Mais finalement, le pire ça a tout de même été de faire la queue dans la traversé des cosmiques à chaque passage un peu délicat. Qu'on me reparle de la solitude de l'alpiniste à l'aiguille du Midi, tiens. A part ça, la course est très belle et enchaîner avec la traversé des cosmiques c'est plutôt sympa.
  • Un jour de temps incertain, nous sommes allés faire "Voyage au bord du gouffre", une voie assez récente pour une fois surcôtée (nous cherchons toujours les pas de 6a+). L'originalité se situe au dernier pas de la voie : le saut Carl Lewis. On vous laisse imaginer le pas. A part ça, la voie est plutôt belle mais trop récente pour être totalement purgée.
  • Nous voulions finir nos vacances par une voie à l'Envers des aiguilles. Nous sommes donc montés au refuge de l'Envers par la voie Georges. Une superbe dalle à côté de la mer de glace. Il s'agit certainement de la plus jolie voie de tout le séjour. Elle n'est pas difficile du tout à part le départ si on ne passe pas par la première longueur du "pilier des rhododendrons". L'escalade est en revanche tout en finesse et en adhérence. La dalle est, à certains endroits, très pure et dénuée de fissures et prises, à d'autres endroits, la voie suit une unique fissure permettant une escalade très esthétique. L'ambiance, jamais effrayante, est grandiose. On s'est régalé. Le lendemain, du refuge nous sommes directement repartis car il pleuvait ce qui nous a privé d'une dernière grande voie, mais bon, après ces 3 semaines, nous n'étions pas franchement en manque.
  • Finissons quand même par énumérer nos frustrations : Le toit de Balme (voie d'artif remplie d'hirondelles en train de nicher donc bon, on a eu pitié), Le Chardonnet (météo), la contamine grisolle au Tacul (météo), la Verte (Envies divergentes dans la cordée), les Drus par la face sud (question de réalisme par rapport à la forme générale du moment), face sud du Fou en libre (nan je déconne).

A part ça, il paraît qu'il y avait un we grimpe à la Dibona le 7/8 septembre. Tout le monde a dû oublier. Le 22/09, il y a aussi un soit-disant we grimpe à Briançon. En ces temps de relâchement général, je préfère également rappeler que le 12/13 octobre, il y a grimpe à Ombleze.