LE VOCABULAIRE POUR FAIRE BIEN AU PIED DES VOIES

Contrairement à la montagne, vous aurez souvent du public en couenne. Il convient donc d'adopter des attitudes et d'utiliser un vocabulaire pour épater les badauds (souvent il y a des chemins de rando qui passe pas loin) et les débutants. Voici un résumé des expressions les plus rencontrées chez les initiés :

* clou : voir point.

* cotation : difficulté de la voie (s'exprime avec un chiffre et une lettre et éventuellement un+). Par exemple, 5c+. C'est le sujet de polémique favori des grimpeurs (du 4a au 9b+ d'ailleurs). Dans certains sites, les voies sont réputées sous-côtées (Buoux) et dans d'autres sur-côtées (Orpierre). Donc, si vous avez un niveau 6b à Orpierre, ne vous étonnez pas d'avoir du mal dans le 5c+ à Buoux.

* cravater : hou ça c'est pas joli, c'est quand on se jette comme une merde sur la dégaine en l'empoignant fermement parce qu'on a peur de tomber.

* dalle : falaise inclinée à 90° ou moins.

* dégaine : deux mousquetons reliés par une sangle.

* dévers : contraire de la dalle donc inclinaison > 90°.

* équipée : voie où les points sont en place y compris le relais. Non équipée, une voie est un terrain d'aventure. Il faut des coinceurs et tout un tas de matos. Là n'est pas le sujet. En revanche, on comprend aisément ce que veut dire sous-équipée ou sur-équipée.

* enchaîner : faire la voie intégralement sans aucun repos artificiel (même psychologique) tel que se pendre sur la corde ou cravater la dégaine. Attention, si la voie offre des repos naturels et qu'on en profite (vire, niche), ça ne compte pas comme un point d'aide.

* engagée : une voie engagée est une voie demandant du mental. Par exemple, s'il y a 6 m entre chaque point, c'est engagé. Attention, ça ne veut pas forcément dire dangereux. C'est toute la différence avec une voie expo(sée).

* expo(sée) : voie où il ne fait pas bon s'en prendre une sous peine de bobos. Ex : premier point haut ou vire au milieu de la voie permettant de se faire une cheville en cas de chute.

* flash : à vue mais en ayant déjà regardé quelqu'un faire les mouvements.

* magnésie : poudre blanche que le grimpeur se met sur les mains pour absorber la transpiration et adhérer au rocher. Le must c'est de se pendre dans un surplomb sur une main, pieds dans le vide, aller chercher de la magnésie pour l'autre (mais tranquillement hein sinon ça le fait pas) puis de recommencer avec l'autre main avant de se rétablir facilement. Ce genre de spectacle est assez impressionnantà regarder donc à faire quand il y a du public.

* mou (du) : demander du mou, c'est demander à l'assureur de vous laisser de la corde pour faire une manip (mousquetonner par exemple). Ce qui fait très grimpeur de l'extrême c'est de demander, avant de commencer à grimper, beaucoup de mou pour ne pas être gêner quand on grimpe. Ca fait genre, j'ai pas peur de tomber avec du mou.

* moulinette (ou moul) : la corde est installée au relais et on grimpe donc sans poser les points de protection. La chute maxi est alors égale à l'elasticité de la corde plus le mou, autrement dit pas grand chose. A noter : si vous grimpez en moul, vous aurez peu de chances d'impressioner les autres.

* no foot : Lachenal si tu nous voyais .... La grimpe a bien évolué. Autrefois, l'objectif était de gravir les sommets, maintenant, la mode c'est faire le beau dans des surplombs énormes avec une corde ultra sure, dans une voie sur-équipée. Cette expression "no foot" est caractéristique de cet état d'esprit. Il s'agit de faire un mouvement d'escalade sans utiliser ses pieds. En général ça se fait dans du gros dévers.

* patinée : les sites archi-connus et/ou archi-vieux et/ou très accessibles voient passer un grand nombre de grimpeurs qui ne s'essuient pas les pieds avant de grimper et mettent trois kilos de magnésie sur les mains à chaque mouvement. A force, la roche devient lisse et les pieds tiennent beaucoup moins bien : c'est patiné.

* piton : rare en couenne mais en gros c'est un clou qu'on a tapé dans une fissure.

* pof : peu utilisé, usage à peu près similaire à la magnésie. Néanmoins, on utilise encore le terme pour désigner le petit sac qu'on met dans le dos pour mettre la magnésie : sac à pof.

* point : point d'assurage figé dans le rocher. On y met une dégaine qui permet de passer la corde ensuite. Les points peuvent être constitués de spits, ring ou pitons.

* randonner : enchaîner très facilement une voie.

* raton-laveur : petit mammifère noir et blanc.

* relais : deux points marquant la fin de la voie et permettant de faire la manip pour redescendre.

* retors : mouvement ou voie nécessitant des placements inhabituels. En gros : tordu.

* ring : point constitué d'un anneau en acier.

* sec : ça c'est quand on va tomber et que l'assureur doit ravaler tout le mou. En général, c'est la dernière chose qu'on dit avant de tomber.

* SECCCCCQUEUX PUTAIN : le même mais quand on est au taquet.

* spit : point d'assurage constitué d'une plaquette tordue et percée. On ne doit pas passer une corde directement dedans.

* sur : suffixe sur-utilisé par les grimpeurs. Ex : la voie, elle est sur-dure. La voie est sur-équipée. Lui, il est sur-fort.

* terreur (se mettre) : se faire peur dans une voie.

* tête (en) : contraire de la moul. Là, le grimpeur part avec la corde au sol (mais attaché quand même !).

* travail (après) : lorsqu'on a déjà fait la voie et qu'on y retourne.

* vaché : attaché au relais.

* vue (à) : Contraire de "après travail". On va dans la voie pour la première fois (et le puriste de rajouter : sans jamais avoir vu quelqu'un grimper dedans).

* yaniro : je voulais trouver quelque chose en "y" alors j'ai mis ça mais oubliez vite, c'est pas pour les gamins.

 

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