Week-end dans les Cévennes
du 20 au 23 mai 2004
Coup de blues chez les bonobos
D’habitude, après un week-end club, je vous raconte que la falaise d’où on revient de grimper est la plus belle du monde, que les voies sont magnifiques et qu’il faudra y retourner. Et bien aujourd’hui, scoop, je ne sais si c’est l’habitude de frotter mes chaussons sur tous les cailloux du sud qui me rend exigeant, mais là, je n’ai pas aimé. Il faut dire, que ces pauvres falaises des Cévennes partaient avec un sacré handicap : Ca déverse partout. Et moi, quand ça déverse, j’aime pas. Histoire de me mettre en colère pour de bon, le calcaire a soigneusement éviter de former des prises de pieds pour rendre l’escalade bien à bras. Par-dessus le marché, les équipeurs ont voulu ouvrir des voies pour les hommes : ça engage, surtout dans les passages durs. Comme ça, si t’es une mauviette, tu ne grimpes pas (du moins c’est le message que j’ai cru comprendre en grimpant).
Dans ces conditions, on a soigneusement rangé nos ambitions de croix dans les sacs à dos à tel point que la déprime a envahi une bonne partie d’entre nous. Une ambiance de crise commençait à gagner le groupe : Sandrine, Arnaud, Lolo et moi étions prêts à nous mettre au tricot pour occuper nos bras. Il fallait trouver une solution pour apaiser la tension qui régnait. Prendre exemple sur le monde animal semblait sage. Il fût alors décidé que, si un conflit éclatait au sein du groupe, il serait résolu à la façon des bonobos (Ceux dont les connaissances en mœurs de singes sont un peu juste iront taper bonobos chez google). A part Jicé qui cherchait désespérément à rentrer en conflit avec chacun(e), tout le monde se calmait donc très vite.
Autant dire que la grimpe est vite devenue une activité secondaire de ce week-end ou plutôt, un prétexte. Si je retiens quelque chose de ce week-end, c’est l’ambiance. Entre les vannes faciles sur les bonobos (ah toi, commence pas à m’énerver, sinon …), les caisseux et les motards qui se chambraient, le beau temps qui ne nous a pas quitté ou presque, tout a contribué à faire de ce week-end de vraies vacances. Comme quoi le bonheur c’est simple comme 7 tentes plantées au milieu d’un camping paumé (même avec un matelas sous gonflé et un duvet pour nain).
Bon la grimpe, je vous en parle un peu quand même ? Ben oui un peu parce que ça serait dommage, sous prétexte que je n’ai pas aimé le site, d’oublier les perfs des autres, à savoir : le 7a à vue habituel de l’extra-terrestre de service, les innombrables 5c et 6a enchaînés sans peiner de Camille (ça, on savait) et de Florence (ça, on ne savait pas et je vous rappelle qu’elle a débuté l’escalade, il y a peu. Je sais, ça énerve), les peurs et les frustrations surmontées par le reste du groupe pour grimper en tête dans son niveau. La spécificité de la falaise et la difficulté du « à vue » ont permis aux spécialistes de la mauvaise foi de faire preuve d’une imagination débordante. Je pense humblement mériter la palme d’or grâce à mon « c’est mes chaussons qui sont morts », le prix de l’interprétation masculine revient à Jicé pour « j’ai pas assez de mains », le prix de l’interprétation féminine à Sandrine pour « Ca, c’est trop dur pour moi », le meilleur scénario à Florence pour « oui mais tu crois que je peux y aller, parce que, enfin, je veux dire 6a c’est dur pour moi quand même, alors c’est un vrai 6a ou bien un pas trop dur ? Parce que tu vois je suis pas sur de pouvoir aller en haut ». Quant au concours de plomb, j’ai bien cru le remporter haut la main en alignant 3 jolis sauts dans la même journée mais Lolo est revenue très fort ensuite. Félicitations donc à Arnaud et Florence, à qui ces chutes ont permis de découvrir l’assurage dynamique de façon quelque peu brutale.
Bertrand S.