Grimpe au Verdon

du 5 au 8 mai

L’humilité devant le gaz

Ca nous apprendra. Nous aurions du relire mes anciens comptes-rendus avant d’aller à ce week-end dans le Verdon. On savait pourtant qu’il y avait 300 m de vide, que la falaise était raide et qu’en plus il faut commencer par descendre en rappel pour arriver au pied des voies. On a beau le savoir et même, on a beau l’avoir vécu, il y a des fois quand on se retrouve plein gaz avec une nuée de vautours au-dessus qui attend patiemment l’heure du déjeuner, ça fait toujours quelque chose.

Par chance, l’orage de la première journée, ne nous aura fait passer que 2 jours en paroi ce qui finalement, est déjà bien suffisant pour le mental. Histoire de décourager Stéphanie, Géraldine et Boris qui ne connaissaient pas grand-chose de la grande voie, nous avons quand même profité d’une semi éclaircie pour leur montrer l’Escalès. Peine perdue, ces trois là étaient toujours aussi motivés voire plus après avoir vu les gorges d’en haut. Bon ben tant pis, fallait les amener. Le vendredi donc, pas de préliminaires, descente directe au jardin des écureuils par 4 rappels. Maintenant, quoi qu’il arrive, il faut sortir par le haut. Heureusement, la sérénité des 3 apprentis en grande voie nous rassurait, pas pour longtemps…. Alors que Sophie suivait la cordée formée par Lolo et Jicé dans « Afin que nul ne meure » (tant pis pour les vautours), Stéphanie, derrière Géraldine et Guillaume, s’évanouissait dans la première longueur de Cocoluche, sans doute impressionnée par la descente en rappels et le début de la remontée. Quelques baffes et quelques mots de réconfort plus loin, elle repartait courageusement pour terminer la voie, chapeau ! Après cette première demi-journée où nous avions évité le pire c’est-à-dire : • les chutes de pierre et d’objets dus à de trop nombreux grimpeurs crétins en ce week-end de 4 jours • une panique totale d’un des membres du groupe, ce qui peut arriver au Verdon.

On avait beau être confortablement installé dans la TBase de Lolo et Guillaume, l’appel du rocher se faisait sentir. Guillaume, Lolo, Boris et moi sommes donc repartis nous en remettre une couche l’après midi. Autant, nous pouvions faire les malins dans le jardin des écureuils que nous connaissons bien, autant les couennes du côté de « Wide is love » nous ont rappelé à quel point l’humain, tout grimpeur qu’il est, est impressionnable (même quand son surnom c’est Dieu). Même si elle ne fait que 20m, « Wide is love » demande une descente en rappel plein gaz dans un bombé pour arriver à un relais suspendu. Si l’équipement est bon et la voie pas trop dure, l’accès au relais reste sans doute un des moments les plus impressionnants de ma carrière de grimpeur. Guillaume a eu le droit à des émotions similaires dans un 6b+ voisin et engagé de surcroît. Les manips au relais et les hésitations nous ont vite amenés à l’heure de l’apéro-UNO, une tradition aoursienne.

Le lendemain, on a laissé nos padawans aller grimper en falaise pendant que nous (Sophie, Lolo, Guillaume et moi) nous attaquions à la demande. Là, un cap supplémentaire allait être franchi à tous les niveaux : difficulté, engagement, continuité, maîtrise de soi. On s’attendait à 320m de 5c/6a. Nous avons trouvé 320 m de grimpe soutenue, engagée et patinée. Les cotations devant être celles de l’ouverture (1968), elles nous ont déroutés. Bon allez, je balance : Guillaume s’est fait prendre sec dans un soit-disant 6a (Ah la fameuse L10, z’avez pas fini dans entendre parler. D’ailleurs, je pense que l’expression faire une L10 va prendre un sens d’ici peu). Pour me faire pardonner d’avoir fait le corbac, je signale qu’à Orpierre, le même Guillaume nous a quand même sorti un 7b (ça va, je vais pas me faire frapper ?). 8h après avoir fait les crapauds dans l’eau stagnante des tunnels du sentier martel et les sangliers en cherchant l’attaque de la voie nous sortions héroïquement de cette voie, pas peu fiers quand même. D’ailleurs je ne peux m’empêcher de flatter mon ego (et celui de Guillaume par la même occasion) car je reste quand même assez content de moi d’avoir fait ces 320 m en tête. Pour l’apéro du soir qui a suivi, nous retrouvions nos jeunes padawans frais comme des gardons car nous n’étions pas là pour les martyriser.

Bertrand S

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