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Week-end à Ablon

du 03 au 04 Juillet 2004

Les blaireaux nous brouillent l’écoute

1h de marche, un gîte au milieu des vaches, un dortoir au-dessus de l’étable et un chiotte pour 50 personnes permettent généralement d’opérer une sélection sur la population. Naïvement, on pense souvent que ce genre d’endroit est moins fréquenté par les cons. Nous montagnards et/ou grimpeurs, on s’estime souvent au-dessus du lot parce qu’on accepte le confort spartiate et, même, on le réclame au nom de l’authenticité. Du coup, on imagine que les gens qu’on va rencontrer dans la montagne rustique sont triés sur le volet. Mais, ce week-end, à Ablon, on s’est soudainement rappelé que le crétin des Alpes n’était pas une espèce disparue. Au contraire, son champ d’action (de nuisances) s’étend au-delà des stations de ski confortables. Bien que rare, il est important de savoir le reconnaître car se confronter à lui en montagne peut être dangereux. Souvent le crétin des Alpes se déplace en bande. Imbibé d’alcool, il peut devenir agressif dès qu’on lui demande de ne pas hurler « ah le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles » pendant le repas. Samedi soir, il a fallu déployer des trésors de patience et de diplomatie pour, d’abord pouvoir manger dans des conditions sonores presque acceptables, puis, pour ne pas déclencher une bagarre générale. Cela dit, rien ne pouvait nous gâcher le bonheur de se goinfrer de tartiflette dans un chalet d’alpage ce soir là (encore que Jicé nous a sauvé la soirée en réclamant le reblochon avec la croûte). Et malgré tout, cette soirée qui s’est terminée par une ballade digestive jusqu’au col au fond de l’alpage était une soirée réussie. Comme quoi, il est possible que les cons n’aient pas le dessus.

Bon voilà, l’épisode des blaireaux torchés, je vais enfin pouvoir passer aux choses sérieuses. Ablon, on y était d’abord pour grimper. Autant le dire tout de suite, cette falaise se prête mal à une grimpe pépère en famille où on va initier son cousin à la grimpe. Ca tape fort, c’est raide, exigeant. D’ailleurs, le pas de bloc au départ du 5b d’échauffement du samedi, je m’en rappelle encore. Voyez comme je prépare bien le terrain pour expliquer notre faible rendement du week-end. Parce que, pour être honnête, Ablon, ça mine un peu les bras et le mental et on ne sort pas 10 voies dans la journée. Mais n’allez pas croire pour autant que c’est une falaise de crichonneurs. Il suffit de regarder Berlin 90 ou picothérapie pour être irrésistiblement attiré par la pureté et la logique des lignes. Néanmoins, les belles ne se laissent pas dompter facilement. La lecture est complexe et le « à vue » est particulièrement difficile. Ceci expliquant cela, on comprendra alors pourquoi, Guillaume et Lolo ont accepté de faire une grosse pause le midi pour le pique-nique. Aussi étrange que cela puisse paraître, nos deux ascètes ont pris le temps de baffrer à midi malgré un repas du soir conséquent et un petit dej’ plus que copieux (demandez donc à la serveuse, elle se souvient encore de cette bande d’aourssiens réclamant à corps et à cris plus de pain pour finir la confiture).

Alors, à l’issue de ce week-end, j’ai envie dire : génial, faut y retourner. Certes, la falaise est magnifique, le cadre enchanteur et le gîte authentique (le fin plancher nous séparant des vaches a permis de les sentir, les voir et de les entendre). Mais Ablon est un point de chute connu des promeneurs et des grimpeurs. Le gîte se transforme en buvette dans la journée et la falaise est envahie dès les premiers rayons du soleil y compris dans les secteurs durs. Alors n’espérez pas que la difficulté des voies et la petite heure d’approche vous garantissent la tranquillité. Mais bon, Ablon est un site majeur où il convient, au moins une fois dans sa vie de grimpeur, de faire un pèlerinage (mais pas des grosses croix ….).

Bertrand S.

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