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Week-end aux dentelles de Montmirail

17/18 avril 2004

Venez tous aux dentelles, qu’il disait. Les falaises sont magnifiques, il fait toujours beau, les voies sont belles et l’équipement permet de grimper sans se faire mal. Bref, la publicité que j’ai pu faire pour ce week-end est à la hauteur des mensonges. Tiens, un tel résultat pour une telle promesse ferait de moi un homme politique de tout premier ordre. Dire que je n’ai même pas été fichu de ramener les croissants le dimanche pour me faire pardonner (encore que ma balance ce matin m’a fait comprendre que, sur ce coup là, j’ai peut-être eu raison).

Enfin tout n’était pas noir dans ce week-end. Je me souviens qu’entre 14h07 et 14h36 samedi, on a vu le soleil. Euh, ah oui, la pizza samedi soir était bonne. Et puis, il n’a pas plu quand on a démonté les tentes. Et bien voilà, avec tout ça, vous le ne trouvez pas génial ce we ? Bon allez, je charie, malgré des prévisions météo cataclysmiques, on a grimpé toute la journée samedi et dimanche. Les dentelles sont toujours aussi belles. Et enfin, le plus important, l’ambiance et l’entente dans ce club font que ce we, comme tous les autres, a été une réussite.

En bon communiste, je commence tout de même par une autocritique publique. On ne le sentait pas bien ce we au départ. Le samedi matin, Aurore, Sophie et moi nous levions sous une pluie fine et un ciel bouché. Juste le genre de climat qui te fait croire que les conditions ne sont pas très loin d’être satisfaisantes pour grimper mais qui, rien que pour t’emmerder, ne bougent pas d’un poil. Quand tout le monde a commencé à arriver vers 9h00 (en venant de Lyon) parce que j’avais dit qu’il fallait y aller tôt car Dimanche, on risquait de ne pas grimper, je ne faisais pas trop le fier. Sans trop y croire, on se dirigeait doucement vers les falaises en fin de matinée pour y découvrir une paroi quasiment sèche (ouf !). Le soleil a presque réussi à illuminer cette face sud du Clapis. Bref, la journée qui semblait mal barrée, se transformait petit à petit en une jolie petite sortie et puis paf la Caro. Certaines mauvaises langues diront que cet accident rend mon compte-rendu moins monotone (c’est pas que vous en avez marre d’entendre que le we était génial, que la falaise est la plus belle du monde et qu’on s’est régalé mais, quand même un peu, avouez).

Donc voilà, grâce à Caro, ce we est devenu spécial. Une simple histoire de mou au relais me permet d’avoir quelque chose d’original à raconter. Elisabeth Tessier me dirait que c’est bien fait, qu’on avait qu’à pas partir à 13 (Mouais, tu peux être fière de toi Mme Latombe). La victime de la malédiction, c’est donc cette pauvre Caro qui après une bonne chute de 3 ou 4 m, s’est fait une cheville comme il faut. Si l’histoire s’arrêtait là, il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat. Désolé Caro, non pas que ta cheville nous laisse indifférents mais des chevilles abîmées en escalade, c’ est assez fréquent (hein Lolo ?). Alors que tu aurais pu (et aurais dû) être au centre de toutes les attentions, les aourssiens se sont vus obligés de déployer force, diplomatie, pédagogie voire secourisme pour tenter d’ extirper vivants de cette montagne mortelle qu’est la redoutable chaîne du Clapis, les 20 pompiers innocents venus à ton secours. Cet environnement hostile, seuls les plus inconscients des falaisistes et les plus courageux pères de famille randonneurs, après avoir fait subir à femme, enfants et caniches nains un entraînement rigoureux, osent l’affronter. On comprend alors pourquoi, malgré un service de dispatching ultraperformant (7 véhicules envoyés de Brest à Nice pour être sur de tout quadriller), une armée de pompiers d’une condition physique irréprochable (certains n’étaient presque pas fatigués après 2 minutes de marche), des moyens matériels adaptés, ce ne sont pas loin de 10 pompiers (sur les 20 quand même) qu’il a fallu ré orienter dans la bonne direction, conseiller sur l’itinéraire et renseigner sur la victime (oui parce officiellement, la victime c’est Caro). Bref, chaque caserne du Vaucluse est venue avec son plus joli 4X4 et ses meilleurs éléments pour sauver Caro, quel honneur ! Malgré l’ampleur de la tâche, nos vaillants soldats du feu gardaient une vivacité d’esprit exemplaire puisque c’est tout de même moins de 2h30 après l’accident que l’ un deux s’inquiétait de savoir l’âge de Caro et s’il y avait eu perte de connaissance. Une fois nos amis pompiers hors de danger (au cas où, on les a accompagnés jusqu’à l’hôpital), nous avons pu souffler au resto d’Aubignan où le rythme des serveurs n’était pas franchement à la mesure de nos appétits après une telle journée. Qu’importe, cela nous a permis de finir le repas avec Caro revenant fraîchement plâtrée de Carpentras.

Bon alors, est-ce que ça vaut le coup que je parle du dimanche ? Franchement, ça va paraître fadasse non ? Après le samedi, vous dire que le dimanche, malgré un ciel menaçant a été une super journée de grimpe où Guillaume a fait des croix partout (y compris dans Tam tam), où Lolo nous a montré dans un 6c d’anthologie qu’elle a aujourd’hui des nerfs d’acier, où Camille la torpille a été à la hauteur de sa réputation, où Jicé a cherché l ‘excuse de la taille des prises plutôt que ce qu’il a pris à la taille quand il n’enchaînait pas (Et oui c’est pas simple d’avoir Fabrice comme compagnon de cordée), enfin bon bref, plein de choses quoi. Mais tout ça, ça ne vaut pas un sauvetage de pompiers.

Bertrand S.

Sortie escalade du 13-14 Septembre aux dentelles de Montmirail

Le bal des couineuses

Aoursiens de France et de Navarre, ce we aux dentelles de Montmirail a encore de quoi vous donner des regrets.

D’abord, l’endroit est magnifique. Les dentelles sont comme un signe de rébellion de la nature qui aurait décidé de planter une échine dorsale dans un paysage qu’elle jugeait trop plat. Dans la foulée, elle a du se dire, puisque j’ai un peu de cailloux en rab, je vais aller planter un mont ventoux à côté aussi, comme ça on verra de quel bois je me chauffe. Et pourtant, il ne s’agit pas d’un travail bâclé puisque dame nature a tracé de très jolies voies là-bas en pensant aux grimpeurs qui viendraient s’user les doigts 2 millions d’années plus tard (c’est ce qu’on appelle le sens de l’anticipation). Même si on encore entendu Lolo jurer que la dalle est une mauvaise invention, il faut reconnaître qu’il y a de superbes lignes, pures et longues (35 m est un standard aux dentelles). Et puis les dentelles, ça n’est pas Virieu-le-grand. Le calcaire peut complètement changer d’aspect en quelques mètres. D’un secteur à son voisin, on passe de la dalle lisse penchée, à du calcaire à goutte d’eau raide voire déversant. Pour finir, de vous écoeurer, je pourrais vous dire que chaque face des dentelles se grimpe et qu’il y a toujours moyen de trouver un coin pour grimper quelles que soient la température et la force du vent. Je pourrais aussi vous dire que le site est idéal pour tous les niveaux de grimpe. Mais bon, je vais m’abstenir, je pourrais vous mettre en colère. Le décor étant planté, je … ah ben non pas tout à fait, j’ai oublié de mentionner le camping. Propre, tranquille, proche des falaises et dans un village très mignon, pour 13 euros à 4, qui dit mieux (si je vous énerve là, faut le dire) ?

Le décor étant planté donc, je peux maintenant m’occuper des acteurs et de l’histoire. Les films de genre ayant tendance à disparaître, j’ai du mal à cataloguer ce we. Pour tout vous dire, j’hésite entre la comédie et le drame. En tout cas, pour le titre, il n’y a pas d’ambiguïté : le bal des couineuses. Ce we encore, le caillou a été prétexte à l’exacerbation des sentiments. Nous avons tout vécu : des joies, des peines, des cris, des revanches. Bref, on a refait « autant en emporte le vent » (ou plutôt autant en emporte le mistral) aux pieds des voies. Le meilleur moment de cette épopée étant sans aucun doute le chant des couineuses a capela Lolo et Sophie, chacune dans leur voie, insultant, à tour de rôle le rocher, l’ouvreur, l’assureur et elles-mêmes. Bref, un grand moment de cinéma avec des actrices au sommet de leur art dans une comédie sportivo-musicale à la mesure de leur talent.

Alors, ce portrait idyllique de ce we aux dentelles ne cache-t-il pas quelques imperfections ? Pour tout dire, un des moments les plus importants du we a été tout bonnement gâché par un pizzaïolo radin. En effet, est-il acceptable d’avoir encore faim après une pizza 3 fromages et des profiteroles au point de devoir commander un chocolat liégeois ? Une pâte trop fine, une pizza qui ne déborde même pas de l’assiette, Lolo qui arrive même à finir la sienne et voilà comment on rentre frustré d’une journée de grimpe. Plus sérieusement, nous avons aussi moyennement apprécié d’être accompagné par les coups de fusil des chasseurs pendant le petit dej’ et pendant qu’on grimpait le dimanche matin (heureusement qu’à midi les chasseurs sont suffisamment bourrés pour pioncer et nous foutre la paix). bon et puis, on a aussi un peu regretté que le moindre petit village typique soit pollué en son centre par des dizaines de pancartes et commerces de vendeurs de vins. Gigondas, par exemple, est un mignon petit bled sauf quand on rentre à l’intérieur. Ce n’est pas moins de 1 pancarte tous les 2 mètres (et puis discrètes les pancartes, vous imaginez) vous invitant à déguster du pinard. Du coup, écoeurés, on n’en a même pas acheté, étonnant non ? Enfin c’est pas grave, comme le site des dentelles est énorme, on reviendra grimper et cette fois, on ira dans les caves moins touristiques.

Bertrand S.

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