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Sortie escalade du 11-12 Octobre à Seynes et Russan
La danse des sangliers acrobates.
Ce we club, qui était une sorte de pèlerinage pour Lolo et Guillaume ainsi que pour Sophie et moi, se présentait comme une collective on ne peut plus classique : 5 cordées de 2 (Lolo, Guillaume, Bertrand et Catherine Latombe, Sandrine, Yves, Jicé dit Obélix, Arnaud, Sophie et moi), une bonne partie du noyau dur d’ABC, des nouveaux, des anciens, des classiques et des modernes. Un gîte, deux falaises, l’autoroute A7, une glacière et des gâteaux aux raisins formaient les ingrédients d’un bon petit we bien classique et sans surprise. Tout juste s’attendait-on à pousser un petit soupir nostalgique en longeant la falaise de Seynes (Ceux qui se demandent pourquoi peuvent se référer à la newsletter 4 qui fête sa première année). C’était sans compter sur le potentiel de ce club plein de surprises car, sachez-le jeunes novices, à ABC rien ne se passe jamais comme prévu.
Comme d’habitude, Sophie et moi avions petit déjeuné à la frontale pour commencer la journée au plus vite et, à 10h30 le samedi, nous attaquions la 2ème voie de la journée. Dans notre empressement, nous nous étions trompé de secteur ce qui ne sera pas sans conséquence. Le pire, dans ce genre de situation, c’est qu’on arrive à se persuader qu’on est là où il faut. Le secteur où était fixé le rendez-vous était le même que celui où nous avions grimpé l’année dernière. Vaguement, la falaise nous disait quelque chose avec juste un peu plus de végétation dessus. Bref, de notre point de vue, on était bien au secteur de la bête, nullement inquiets de la paroi rouge vif juste à côté que nous n’avions aperçue que de très loin l’année dernière. C’était sur. Lorsque vers les 12h00 le reste de la troupe pointait le bout de son nez, il fallait se rendre à l’évidence, on était au secteur rouge-gorge. Ca tombait bien, il y avait du 5, du 6. Bref, de quoi passer la matinée (noter que la matinée commence à 12h00. A ABC, on est proche de la nature alors on se cale sur l’heure du soleil).
Ce n’est donc qu’après manger que Lolo, Sophie et moi sommes partis en éclaireurs à la recherche du secteur de la bête, glacière et autres gros sacs de bouffe à la main. On se doutait bien qu’on ferait un peu les sangliers dans les buissons. Mais, les jolies couleurs d’un topo cachent souvent ses lacunes en termes d’information. Non seulement, il n’y a pas de chemin entre les deux secteurs, mais en plus, ces secteurs sont éloignés l’un de l’autre. Et franchement, marcher entre les ronces, les arbres les buissons et les rochers, une glacière remplie à la main, le tout pendant la digestion, est une expérience que je ne recommande à personne. Recouverts de poussières, écorchés, énervés, nous avons fini par atteindre ce fameux secteur qui n’a jamais aussi bien porté son nom : nous étions retournés à l’état primaire de bête.
La sieste digestive ayant été remplacée par une séance d’échauffement, nous pouvions donc attaquer d’entrée. Loin d’être découragés par cette expérience, les membres d’ABC purent donner toute la mesure de leur talent. Guillaume a enchaîné son petit 7a. Quant à Sophie et Bertrand L, ils se sont livrés à une acrobatie à faire pâlir les trapézistes du cirque Gruss. Leur numéro de passage de dégaines à 20m du sol est digne des plus grandes manoeuvres de haute voltige. L’exercice consiste à ce que le premier accroche une dégaine à la boucle du talon de son chausson, puis pendule en tendant le pied correspondant vers le deuxième voltigeur tout en étant descendu par son assureur. Le deuxième acrobate, lui, pendule dans l’autre sens afin d’attraper cette dégaine. Une telle beauté dans la réalisation du geste pourrait faire passer l’acrobatie pour un exercice gratuit, juste pour l’esthétisme quoi. Il n’en est rien. La dégaine ainsi chopée n’avait d’autre but que de servir à un vil exercice de tire clou. L’histoire ne retiendra pas ce détail et c’est tant mieux.
Après une telle journée, j’espère que les 8 autres membres de la harde nous pardonnerons de les avoir perdus dans Alès à la recherche de la bonne direction. Grâce à ma minutieuse préparation de l’itinéraire, nous avons mis une grosse heure à atteindre notre gîte pendant que nos ventres réclamaient désespérément un tagine et une tarte aux kiwis. Il fût à la hauteur de notre attente malgré les oublis variés et divers (le rosé pour moi, les citrons confits pour Guillaume, le sel pour Yves, de la poudre d’amande pour Sandrine).
Le gîte que j’ai trouvé (ou plutôt le seul disponible) étant particulièrement bien placé, nous avons également mis une bonne grosse heure pour atteindre Russan le lendemain. Malgré un topo aussi précis que celui de Seynes, la couleur en moins, le site valait vraiment le déplacement. Le site a été formé par un méandre du Gardon. La falaise forme ainsi un 3 / 4 de cercle sur l’extérieur de la rivière. Lorsqu’on arrive là, par le haut, ça donne tout simplement une vue splendide. Mais le Gardon ne s’est pas contenté de sculpter le calcaire, il a dessiné des voies originales et belles allant de la dalle au méchant dévers. Malgré un temps gris et incertain, nous nous sommes vraiment régalés tout au long de la journée. Les cotations peuvent paraître chères parfois, mais la dalle demande de la finesse et de la précision donc du sang froid même dans le 5+. Cela dit, l’équipement (refait récemment apparemment) est irréprochable. Tous les pas difficiles se font immédiatement après le mousquetonage ce qui permet de se lancer dans des voies dures sans craintes. Des biscuits Prince, de la baguette fraîche, du chocolat côte d’or et accessoirement un site de grimpe magnifique ainsi que des voies parmi les plus belles du sud, quelque chose clochait. Tout allait trop bien : le site a été trouvé sans (trop de) problèmes, la météo est clémente, le secteur choisit convient à tous. Il fallait donc bien un imprévu pour faire de cette journée une vraie sortie ABC. Des gens de la région avec une belle mentalité nous ont rendu ce service en allant visiter nos voitures pour nous débarrasser des objets superflus qui encombrent notre quotidien. Merci à eux donc, de nous avoir soulagés d’un appareil photo, d’un son sac à dos, de duvets et des restes de la bouffe du we (GRRR !). Moralité, même pas beau, faut lire le topo : « Ne rien laisser dans les voitures ».
Bertrand S.